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Les plantes sont en recherche constante de matériau riche en eau et en nutriments où faire pousser leurs racines. Dans la terre ce n'est pas un problème, les racines peuvent s'éloigner de plusieurs mètres du pied de la plante à la recherche de nutriments et d'eau. Dans un pot la situation est totalement différente. Les racines ont tendance à 'coloniser' une zone ou le pot. C'est à dire qu'elles saturent le pot avec les racines. Dans certains cas elles vont même jusqu'à soulever la plante du pot à cause du volume des nouvelles racines. Dans ce cas la plante est dite à racines confinées.
Si des plantes à racines confinées ne sont pas taillées dans le haut elles vont rapidement sécher par temps chaud, nécessitant plus d'un arrosage par jour. La taille du haut de la plante va rétablir un certain équilibre en réduisant la transpiration, mais il y aura d'autres problèmes si les racines de la plante ne sont pas également taillées.
Les plantes semblent avoir besoin de jeunes nouvelles racines afin d'absorber correctement les éléments majeurs et oligo-éléments présent en solution dans le sol. En fait, un des premiers symptômes d'un plante aux racines confinées est une chlorose généralisée en dépit du fait qu'elle est correctement fertilisée. La taille des racines et le rempotage d'une plante aux racines confinées va la revigorer et produire une poussée de croissance.
Un autre symptôme de racines confinées est une perte de vigueur, même dans des conditions idéales et une bonne fertilisation. Les feuilles seront très petites et les entre-noeuds très courts. Bien sûr c'est exactement le type de croissance que l'on désire en bonsaï, et on l'obtient en limitant le volume des racines dans ces petits pots. Mais, la croissance n'est pas un état statique, et si l'ensemble d'une plante commence à décliner, il est probablement temps de tailler les racines et rempoter.
L'objectif en bonsaï est de maintenir les arbres nains et approximativement d'une même taille quand ils sont terminés. Cela signifie qu'on doit périodiquement tailler les racines et les remettre dans le même pot avec du nouveau sol. Bien sûr un autre aspect important du bonsaï est leur création à partir d'arbres prélevés ou provenant de pépinière. Ici, les racines devront être substantiellement réduites en vue de les mettre finalement dans le pot voulu.
La fréquence de la taille des racines est liée à a) l'espèce, b) la taille du pot, et c) l'environnement. Le point de départ est qu'on devrait tailler les racines et rempoter un bonsaï quand il montre des signes de déclin et/ou de chlorose comme décrit ci-dessus, ou quand il commence à se soulever du pot.
Certaines espèces ont simplement une croissance lente et nécessiteront une taille des racines et un rempotage moins fréquent. D'autres espèces poussent à une vitesse phénoménale et peuvent nécessiter plusieurs tailles des racines et rempotages par an, par exemple le Salix (saule). Beaucoup d'espèces à fleurs sont assez vigoureuses et nécessitent un rempotage annuel pour garder leur vigueur et produire des fleurs et fruits à profusion. Cela comprend le Malus (pommier) et Prunus (prunier, cerisier...).
Dans des petits pots, la plupart des plantes vont remplir le pot en une seule saison de croissance. C'est particulièrement vrai des mame (très petit bonsaï). Presque tous les mame devraient être rempotés chaque année. Les shohin (bonsaï de moins de 25 cm / 10 pouces) devraient être rempotés tous les un ou deux ans selon l'espèce et les conditions de culture.
Des plantes en pot de plus grande taille peuvent être rempotés avec une fréquence allant de deux ans jusqu'à dix ans selon l'espèce. Beaucoup de grands pins se sentent bien avec un rempotage tous les cinq à dix ans. Les Cedrus (cèdres) et Picea (épicéa) peuvent être traités de même.
Des plantes qui ont poussé dans des conditions de croissance moins favorables vont évidemment pousser plus lentement et nécessiteront une taille des racines et un rempotage moins fréquent.
La taille des racines endommage la plante, en limitant sa capacité à absorber l'eau et les nutriments. Donc on doit le faire à des moments de l'année où le stress pour la plante sera au minimum. Pour des plantes de climat tempéré, il y a deux moments dans l'année où ces conditions sont optimales, en fin d'automne et au début du printemps. Les plantes tropicales peuvent habituellement être rempotées durant les périodes de 'quiescence' ou ralentissement de croissance.
En fin d'automne, les plantes à feuillage caduque ont arrêté de fournir les feuilles en sève, les persistants se mettent dormance, les températures ambiantes se refroidissent, les stress de chaleur sont passés. Contrairement à cette cessation d'activité dans les parties aériennes de la plante, les racines sont encore en activité. Les plantes ont emmagasiné durant toute la saison de la nourriture dans les tissus du haut et continuent à faire migrer cette nourriture vers les racines. La croissance des racines ne dépend pas de la lumière, mais uniquement de la fourniture en nourriture et de la température du sol. Même si la température de l'air chute en automne, celle du sol reste plus élevée puisque les journées sont encore chaudes et que la terre chaude irradie encore de la chaleur. C'est particulièrement vrai pour les plantes qui sont en terre, ou en contact avec la terre.
Tant que les températures diurnes sont au dessus d'environ 13°C (55°F), les racines sont en pleine activité. Si vous taillez les racines à cette période, il y aura une nouvelle poussée de croissance des racines avant que les températures ne chutent dans leurs valeurs hivernales. C'est particulièrement vrai des régions à climat doux de la Côte Ouest et du Sud (NDT des USA, et aussi du Midi de la France). Cela signifie que les extrémités taillées vont rapidement cicatriser et que de nouvelles racines vont croître jusqu'à ce que la température tombe.
Au printemps, le stress de la température est aussi réduit et ainsi la taille des racines ne va pas causer des pertes excessives par transpiration. Pour les arbres caduques, les feuilles n'ont pas encore débourré donc il n'y a pas de pertes à ce niveau. Pour les persistants, le feuillage est intact mais les températures sont assez basses pour qu'il n'y ait pas de stress de chaleur. Le printemps est une période d'activité luxuriante pour les plantes. Les besoins en dormance ont été satisfaits et l'augmentation de la température de l'air et du sol garanti que la croissance du haut ainsi que des racines va bientôt reprendre. À ce moment le processus durant lequel la nourriture est stockée dans les racines en automne s'inverse et les racines commencent à puiser dans leurs réserves pour alimenter les bourgeons et tiges.
Les bourgeons contiennent déjà assez de nourriture pour s'ouvrir en feuilles si les racines peuvent leur fournir assez d'eau. Ce phénomène permet une période unique de manipulation des racines. Si on taille sévèrement les racines d'une plante durant cette période, les bourgeons vont s'ouvrir mais les nouvelles pousses ne vont pas s'allonger. Cela va limiter la transpiration et par la suite, la photosynthèse réalisée par les feuilles ouvertes va reconstituer la nourriture perdue par la taille des racines. J'ai utilisé ce principe pour tailler les racines de plantes de semis à racines nues cultivées en pleine terre (voir Taille des Racines de Plantes de Semis à Racines Nues). On supprime la racine pivot et on commence à former une système radiculaire plat tellement désirable en bonsaï.
On peut aussi tailler les racines et rempoter les plantes à des moments de l'année en dehors des périodes de faible activité du feuillage. Dans ce cas, une attention particulière doit être portée à l'équilibre hydrique entre transpiration et pouvoir d'absorption des racines. C'est à dire que les racines sont responsables de fournir à la plante l'eau et les minéraux, pas les hydrates de carbone durant la saison de croissance. Chaque perte de racine résulte en une perte d'humidité pour les parties du dessus de la plante. Autrement dit, elles vont faner. Tailler les racines en saison de croissance doit aussi être accompagné d'une taille proportionnelle des parties aériennes pour maintenir l'équilibre hydrique. Si vous retirez trop de racines et pas assez du haut, il peut en résulter des feuilles fanées et la mort. Une bonne ligne de conduite est en général de retirer le même pourcentage des parties aériennes que de racines.
J'ai utilisé ce principe pour prélever des chênes en Californie en dehors de la saison (juin) et des pommiers également. Avec de l'expérience on peut tailler les racines et rempoter à tout moment de l'année dans de bonnes conditions en manipulant l'environnement. Mais les débutants devraient s'en tenir aux périodes sûres de la fin d'automne et du début du printemps.
Tailler les racines d'une plante en pot est relativement simple. Il suffit de retirer la plante du pot et démêler les racines d'une manière radiale. Il y a un outil très utile pour cela, la griffe à racines. C'est un outil fourchu similaire à une fourche ou un croc à viande. Elle permet de démêler et redresser les racines avec un minimum de dommage. On peut les acheter ou facilement en fabriquer soit même. Pour de petites plantes, on peut aussi utiliser un bâtonnet ou chop stick.
Les grosses racines devraient être sacrifiées au profit des plus fines et des radicelles. Ces plus fines racines sont bien plus efficaces pour absorber l'eau, le facteur nécessaire juste après la taille des racines. Quand on taille des plantes de pépinières en pots afin de les mettre dans un pot à bonsaï, une quantité substantielle de racines doit être retirée. Des plantes en bonsaï ont un système radiculaire bien plus plat que celles de pépinière. Cela implique que les portions basses d'un grand pot de pépinière doivent être totalement supprimées.
Très souvent ce ne sera pas possible de mettre en une fois dans un pot à bonsaï une plante cultivée en pot de pépinière. Dans ce cas, réduisez le pain de racines autant que possible mais sans risques pour la santé de la plante et rempotez dans un pot de culture plus petit, moins profond. Après un an ou deux vous devriez pouvoir réduire sans risques encore plus et le mettre dans le pot à bonsaï définitif.
Quand on doit tailler sévèrement les racines pour mettre une plante de pépinière dans un pot à bonsaï, j'utilise des outils comme une serpe ou même parfois une tronçonneuse pour retirer la partie basse des racines. Pour éviter les risques ne retirez pas plus des deux tiers des racines d'une plante de pépinière quand vous taillez durant la saison de dormance. Une taille importante des racines ne devrait se faire qu'en période de dormance. Seule l'expérience pourra vous dire jusqu'où aller. Commencez à tailler les racines de façon plus légère et n'évoluez vers une taille plus importante que quand vous prenez de l'assurance.
Si la plante était dans un mélange assez bon à grosses particules, il n'est pas nécessaire de retirer entièrement l'ancien sol, bien que la plupart doit être retiré. Quand des plantes sont prélevées avec de la terre naturelle en saison de dormance, il vaut probablement mieux retirer autant de terre lourde que possible pour préparer la transition à des mélanges pour pots. Cette terre argileuse et lourde va retenir beaucoup trop d'eau pour la culture en pot ( voir Sols pour Pots et Bonsaï). Il est tentant d'asperger au jet d'eau le pain de racines afin de dégager l'ancien sol, et pour quelques espèces c'est tout à fait acceptable, mais cela cause plus de dommage aux fines radicelles qu'en dégageant le sol à l'aide de griffes ou bâtonnets.
Retirez les racines enroulées qui tapissent les parois, la grosse racine pivot sous le collet et raccourcissez les plus grosses racines. Essayez de garder le plus de fines racines possible. Les racines devraient être taillées sur tout le pourtour afin que le pain de racines puisse se placer dans le pot sans devoir plier ou faire tourner de longues racines. C'est aussi un bon moment pour commencer à examiner le nebari et décider s'il ne faudrait pas retirer de racine en surface pour des raisons esthétiques. Placez le pain de racines sur un petit monticule de nouveau sol dans le pot et ajoutez du sol que vous faites rentrer dans tous les interstices entre les racines à l'aide d'un bâtonnet ou d'un chop stick. Continuez à remplir les interstices jusqu'à ce que vous sentiez une légère résistance, ainsi les vides seront remplis de sol. Tassez légèrement la surface du sol et arrosez copieusement. Le premier arrosage doit saturer et rincer le sol. Arrosez deux ou trois fois plus longtemps que normalement pour mettre le sol en place et évacuer les fines particules.
Vous pouvez finir en disposant au dessus une couche de gravier ou de granit dégradé plus grossier, en mettant de la mousse, ou les deux. Ensuite arrosez à nouveau.
Traduit et publié avec l'aimable autorisation de Brent Walston.
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