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Nous le savons tous intuitivement et utilisons ce principe tout le temps dans le jardin. Des sols argileux retiennent plus d'eau et moins d'air que des sols sablonneux. Ce qui est intéressant c'est que, nous utilisons souvent le même remède aux deux extrêmes, l'introduction de matières organiques. Les matières organiques ont une très bonne rétention d'eau. Les amendements de sol, comme la tourbe peuvent retenir plusieurs fois leur poids en eau. Il est évident que cela améliorerait un sol sablonneux, mais comment se fait il que cela améliore un sol argileux?
Tant que la taille des particules de matières organiques n'est pas trop petite, et que l'amendement est parfaitement incorporé, des sols argileux sont améliorés par 'l'agrégation'. C'est à dire, les particules inorganiques et organiques de sol tendent à se combiner pour former de plus grandes particules qui vont emprisonner l'air entre elles ainsi que l'eau à l'intérieur d'elles. Cela améliore l'aération, ou rétention d'air du sol. Autrement dit, Cela améliore le drainage.
L'argile a une capacité énorme à retenir les nutriments, les amendements organiques ont une capacité moindre, et de plus grandes particules inorganiques comme le sable en ont très peu. Des sols pour pots qui contiennent peu ou pas d'argile ou de terre naturelle, doivent être fertilisés régulièrement pour compenser cette faible capacité. Aussi, des mélanges sans terre (ceux qui ne contienne aucune terre naturelle), vont habituellement être déficients en oligo-éléments, et ceux ci devront être apportés d'une autre manière.
La plupart des mélanges de pépinière actuels sont 'sans sol', c'est à dire, qu'ils ne contiennent pas de terre naturelle, à l'exception peut être du sable lavé. Ils peuvent contenir du compost. Ils sont habituellement composés de trois éléments:
Le dernier élément est important pour réduire le poids, ce qui n'entre pas fort en considération pour le bonsaï.
La formule est très simple: une part de tourbe, deux parts de particules d'écorce de sapin tamisée entre 6 mm (1/4 de pouce) et 9 mm (3/8 de pouce), deux parts de perlite, une demi part de vermiculite. J'incorpore aussi de l'Osmocote (engrais à libération lente). Mixer dans une bétonnière facilite grandement les choses et est assez économique. C'est un mélange excellent pour bonsaï, excepté pour des raisons esthétiques vous pouvez désirer remplacer la perlite par d'autres matériaux inorganiques de structure comme du granit décomposé, turface, ponce, etc.
Ce mélange va sécher très vite, mais vous obtiendrez le maximum de croissance des racines en un minimum de temps.
Le mélange ci dessus convient bien pour des pots de pépinière jusqu'à 18 cm de diamètre (3,8 litres, 1 gallon). La règle dans le milieu des pépinières est : plus le pot est grand, plus dense est le mélange, jusqu'à ce que vous plantiez dans la terre qui a le sol le plus dense. Pour des pots de pépinière de 18 à 29 cm de diamètre (3,8 à 19 litres, 1 à 5 gallons), pour cultiver la plupart des pré-bonsaïs, je remplace l'écorce de sapin tamisée par de l'écorce non tamisée (moins de 6 ou 9 mm, 1/4 ou 3/8 de pouce), je réduit ou j'élimine la tourbe et la perlite. Cela fait un mélange plus dense, moins cher qui ne va pas sécher aussi vite, mais comme l'écorce ne se décompose pas vite, le mélange ne va pas se dégrader rapidement (plus de détails plus loin).
Ce mélange convient particulièrement aux espèces à croissance lente qui demandent une aération très forte. Les espèces à croissance plus rapide seront mieux dans un mélange plus dense plus proche du mélange classique de pépinière de fibres de bois nitrosées, sable et compost. Il contient à peu près 80% de copeaux de séquoia.
La plupart des apprentis jardiniers et artistes en bonsaï utilisent habituellement un mélange qui est trop dense, pensant que ce qui les fait si bien pousser en pleine terre conviendra aussi bien pour un pot. Ce n'est pas le cas.
Si les éléments organiques du sol se compostent ou se décomposent avant que les racines n'aient complètement envahi le pot, le sol se dégrade et perd son drainage et les vides d'air, et la croissance des racines s'arrête. Si les racines remplissent le pot avant, le sol ne va pas se dégrader parce que les racines vont former une structure qui va supporter la plante et le sol, et le drainage sera maintenu.
J'ai même vu des pains de racines presque vidés de tout sol à cause de l'érosion, mais non dégradés à cause du réseau de racines. Ce n'est pas si important pour des bonsaï établis parce que nous avons tendance à utiliser des sols de première qualité avec peu d'éléments organiques qui peuvent se dégrader, mais cela peut arriver si vous utilisez une proportion trop élevée de compost ou fibres de bois, autre que l'écorce (qui se décompose lentement). C'est un point très important pour faire grossir des plantes pour le bonsaï, où l'on utilise de plus grand pots et des mélanges moins chers et plus denses.
J'appelle ce phénomène 'Dégradation du Sol'. Pour les éléments organiques du sol, cela peut se produire très vite. Pour les éléments inorganiques, c'est habituellement un processus plus lent, mais il peut être rapide pour certains amendements de sol volcanique et le granit décomposé. Il est important de faire correspondre la 'vie du sol' avec la vitesse de croissance des racines pour s'assurer que les racines vont coloniser le pot avant que le sol ne se dégrade. La vitesse à laquelle les racines vont coloniser le pot varie selon l'espèce, la fertilisation, l'arrosage, l'éclairage, et les tailles pratiquées. Ce sont toutes des forces interdépendantes. C'est à dire, les plantes vont croître plus vite dans des conditions optimales de lumière, d'engrais et de feuillage maximum, réduisant de cette façon le temps nécessaire aux racines pour coloniser le pot. Des plantes cultivées plus à l'ombre que ce qu'elles préfèrent vont en souffrir grandement parce que la croissance du haut et des racines est ralentie et le sol tend à rester plus mouillé augmentant la vitesse de décomposition des matières organiques.
Dans le milieu des pépinières, le sol prend une grande part dans le prix de revient et le prix des matériaux de première qualité ne se justifie pas toujours pour toutes les plantes. Pour des plantes à croissance rapide, annuelles, vivaces, et arbres et arbustes ligneux, des sols qui contiennent un fort pourcentage de fibres de bois, jusqu'à autant que 80 à 90%, sont parfaitement acceptables. Des plantes à croissance plus lente demandent plus de sable, écorce, perlite, etc. qui va se dégrader plus lentement.
Après avoir pendant des années essayé que mes plantes s'adaptent à mes deux mélanges de base, j'ai finalement laissé tomber et j'ai adapté mes mélanges de sol aux plantes. Je cultive de moins en moins de plantes pour jardin et plus de plantes pour bonsaï donc mes mélanges sont maintenant tous à base d'écorce ou de perlite (ou ponce). Je trouve que la théorie de dégradation du sol semble assez bien marcher pour prévoir quel mélange conviendra pour quelle plante.
Il y a toujours un compromis dans les composants de mélanges de sol. Je préfère les matériaux volcaniques poreux comme la roche rouge, ponce, et perlite (une sorte de roche volcanique artificielle) parce qu'ils sont légers, gardent l'eau et l'air et sont facilement disponibles. Mais ils se dégradent, et après plusieurs années on en trouve la preuve au fond du pot. J'utilise aussi le granit décomposé. Vous pouvez le tamiser à chaque calibre de particule que vous désirez pour obtenir un excellent drainage, mais certaines qualités se dégradent rapidement. J'ai eu beaucoup de chance d'obtenir une qualité de roche qui a probablement été extraite aux alentours d'une source d'eau, donc l'effritement est minime et elle est très stable. Son défaut, elle est lourde et ne retient pas l'eau.
Traduit et publié avec l'aimable autorisation de Brent Walston.
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