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J'en suis arrivé à n'utiliser que deux outils essentiels, et je n'utilise les meules que pour dégrossir le travail. Les outils sont les bandes diamantées pour aiguiser les ciseaux, couteaux, pinces concaves et une lime à biseauter pour aiguiser les scies de type japonais. Si vous pratiquez aussi la greffe, il est conseillé d'avoir un bon jeu de pierres à eau japonaises.
Ce n'est pas une technique évidente ni facile, et si vous n'avez pas l'habitude d'aiguiser des outils, il vaut probablement mieux le faire aiguiser par quelqu'un d'expérimenté. Chaque dent a deux biseaux. Il y a un biseau comme dans les scies occidentales, mais il y a en un deuxième plus petit, proche de la pointe de chaque dent. Vous pouvez les aiguiser en plaçant la lame dans un étau et en donnant deux ou trois coups de lime à biseauter EXACTEMENT au même angle auquel elles sont usinées à l'origine. Vous devez examiner la dent très attentivement pour y arriver. Limez toujours vers l'EXTÉRIEUR du bord tranchant de la dent, ne limez pas DANS le bord tranchant. Il est important de laisser un 'fil de bord' d'acier qui va effectivement permettre la coupe. C'est plus important pour ces scies que pour les scies occidentales parce qu'elles n'ont pas de voie, de chasse.
Le gros du travail d'aiguisage est fait sur la surface extérieure ou biseautée. Elle forme un angle aigu comparé aux outils occidentaux. Aiguisez simplement en meulant ce biseau au même angle, en essayant de le maintenir aussi plat que possible. C'est assez facile d'aiguiser quand on le fait plus souvent. Si le tranchant est négligé et assez émoussé, vous devrez retirer beaucoup de matière. Continuez à meuler jusqu'à obtenir un bon tranchant tout au long de la lame. On peut habituellement le déterminer au jugé pour le 'fil'. Vous pouvez aussi le faire visuellement si vous observez de très près. Finalement, retirez ce fil avec un UNIQUE coup de lime DANS le tranchant à un angle très aigu qui forme un minuscule biseau sur la partie PLATE de la lame.
J'ai aiguisé mes ciseaux si souvent que les lames ne sont plus en contact à leurs extrémités. On peut le corriger en retirant de la matière là où les deux manches buttent l'un contre l'autre quand ils sont fermées. En retirant cette matière vous pouvez obtenir un léger recouvrement supplémentaire. Je l'ai fait tant de fois que je suis presque passé au travers des manches.
Vous obtiendrez ainsi un bord très tranchant qui peut être encore mieux affûté à l'aide de pierres à eau japonaises si vous êtes un fanatique, mais ce n'est pas vraiment nécessaire. Cet angle aigu (le biseau d'origine) demande que vous soyez très méticuleux avec vos outils. Il s'ébrèche assez facilement. Ne coupez jamais des racines dans la terre ou des branches trop grosses pour l'outil. J'utilise mes ciseaux pour presque tout dans ma pépinière et je dois travailler rapidement donc j'ai besoin d'un bord plus résistant. Je l'obtiens en meulant un second biseau à un angle plus obtus sur le côté plat. C'est la manière dont la plupart des couteaux occidentaux sont usinés, avec un double biseau. Ce n'est pas nécessaire pour la plupart d'entre vous.
Les pierres sont toujours utilisées mouillées et ne se bouchent jamais excepté pour les pierres de polissage. Elles sont trempées avant d'être utilisées et durant l'affûtage, on peut les mouiller pour garder une 'pâte' de matériau abrasif. Pour les pierres à grain plus fin, une autre pierre plus petite (nagura toishi) est frottée sur la pierre de polissage afin de produire cette pâte. À propos, ne trempez JAMAIS la nagura toishi, elle va s'effriter en petites particules. Certains affûtent en utilisant trois qualités (grain) de pierre ou plus. Je trouve que c'est inutile. J'utilise une pierre grossière (indigène) d'un grain d'environ 800 et je passe ensuite directement à la pierre de polissage (dorée).
La lame est aiguisée en maintenant les faces plates et biseautées aussi plates que possible sur la pierre, et en affûtant d'un mouvement circulaire. On continue jusqu'à l'obtention d'un fil tout le long du tranchant. Finalement on répète cette même opération avec la pierre de polissage. Ici il est possible d'obtenir une finition de miroir pour la lame en peu de temps. L'opération finale, et la plus délicate consiste à retirer le fil du tranchant, et en même temps, à former un biseau minuscule sur le tranchant. Ce minuscule biseau va permettre de garder le tranchant plus longtemps, va le rendre plus résistant à l'émoussage. Procédez en tirant la lame (pas d'un mouvement circulaire) en une fois ou deux DANS la pierre après avoir incliné très légèrement la lame de quelques degrés par rapport à la position plate. On le fait à la fois pour les faces plates et biseautées.
À ce moment on obtient le tranchant d'une lame de rasoir, qui est ce que j'utilise. Pendant la saison des greffes, j'ai une grande partie du bras sans poils. Mais c'est seulement le début. Pour obtenir un tranchant réellement bon pour les greffes, le tranchant d'un rasoir est la qualité minimale que je demande. Ensuite le tranchant est repassé sur le cuir en utilisant une bande de cuir avec de l'oxyde de fer (rouge de joaillerie) ou avec l'une des bandes caoutchoutées de haute technologie disponible après des ébénistes japonais. Après avoir affûté, les poils de votre bras doivent se couper simplement en les touchant du tranchant.
Ce tranchant peut être gardé un moment en le repassant sur le cuir. Quand cela ne suffit plus, il faut polir à nouveau. Quand on n'obtient plus un fil par polissage, il faut revenir à une pierre à eau plus grossière, etc.
Retirez aussi peu de matière que possible avec votre lime diamantée sur le bord extérieur le long du biseau d'origine. Répétez l'opération sur la face intérieure si vous le pouvez. C'est ici que les 'bâtonnets' diamantés ou en céramique sont utiles, car c'est plus facile d'atteindre l'INTÉRIEUR des lames pour les pinces concave et sphériques. Les deux bords tranchants de ces outils ne devraient pas être en contact, mais pour beaucoup d'outils bon marché ils le sont. Une des lames devrait très légèrement recouvrir l'autre de façon que lorsqu'on coupe une branche, le tranchant d'une lame ne rentre pas en contact avec l'autre ce qui les émousserait. Elles devraient se fermer si précisément que vous ne puissiez voir d'interstice à la lumière quand elles sont fermées. Mettez les sur un fond de ciel bleu ou derrière une lampe afin de les examiner.
Si les bords sont droits mais pas complètement fermés (une bande de lumière est visible) quand vous les fermez, vous pouvez ajuster le recouvrement en limant la "broche d'arrêt" située sur la poignée. Cette broche, qui se trouve sur une poignée forme un buttoir pour l'autre poignée quand l'outil est fermé. Si vous limez un peu de matière en contact avec l'autre poignées, cela permet d'augmenter légèrement le recouvrement des lames.
Toutes ces opérations sur les pinces concaves doivent être faite avec beaucoup de soin et très progressivement, en analysant bien ce que vous allez faire avant de retirer de la matière. Même ainsi, vous pouvez rendre inutilisable votre première paire, comme je l'ai fait, et vous en mordre les doigts. Donc, ne vous faites pas la main sur une pince Masakuni en inox de 100 Euros. Entraînez vous sur votre pince de débutant en acier noir, elles seront de toute façon probablement inutilisables quand elles devront être aiguisées.
Pour l'amateur moyen de bonsaï, cela ne vaut sans doute pas la peine ni le prix d'aiguiser sois même des outils une fois ou deux par année. Il est presque toujours possible de trouver un professionnel qui va pouvoir les aiguiser rapidement à un prix modéré.
Traduit et publié avec l'aimable autorisation de Brent Walston.
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