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Achat en Pépinière de Plantes pour Bonsaï

par Brent Walston
Traduit de l'Anglais par Jean-Christophe Godart

Introduction

J'ai l'habitude de me rendre régulièrement dans des pépinières pour chercher des plantes pour bonsaï. Je vais simplement dans les champs de culture et prends tout ce qui attire mon attention. Je n'aurais jamais pu toutes les travailler complètement moi-même en un siècle. Pour la plupart d'entre vous, l'achat en pépinière de plantes pour bonsaï potentiel sera la manière dont vous constituerez votre collection. Cet article donne quelques indications pour bien acheter, ou pour savoir quoi rechercher.

Premièrement, n'hésitez pas à mettre les mains et les genoux en terre. Je peux toujours reconnaître un réel passionné par la quantité de terre qu'il a sur ses genoux en fouinant sous la surface du pot à la recherche d'un bon nebari ou d'un tronc avec du caractère. Le feuillage et les branches sont de peu d'importance, dans la plupart des cas ils seront de toute façon éliminés.

Recherchez un bon nebari, le collet et les racines de surface de la plante. C'est simplement l'élément le plus difficile à obtenir, si un arbre a un bon nebari et rien d'autre à offrir, achetez le, faites pousser un tronc, et ensuite des branches. Personne n'affirme que cela poussera en une nuit. Cherchez une base qui irradie et s'évase et qui s'élance en un tronc conique. Cherchez des racines de surface qui fusionnent doucement avec le collet. Les racines doivent irradier. Des racines circulaires peuvent poser un problème et devront généralement être supprimées.

Si l'arbre n'a pas un bon nebari, il peut malgré tout avoir d'autres qualités trop bonnes pour être ignorées. Le second élément à rechercher est un bon tronc. Des arbres traditionnels 'masculins' auront des gros troncs et une écorce mature. Au plus il est conique au mieux c'est. Un gros tronc sans conicité peut être traité, mais un tronc conique est préférable. La règle habituelle pour de tel arbres est que la hauteur de l'arbre vaudra six fois le diamètre du tronc à la base. Donc vous devez déjà vous faire une certaine idée de l'aspect final de l'arbre. Imaginez au moins quelle sera sa hauteur pour un tronc d'un tel diamètre. Est-ce que cela ira? Y a-t-il une branche qui pourra être relevée pour former une cime? Peut-on briser le haut et former une cime en jin? Faudra-t-il faire encore pousser l'arbre avant qu'il n'ait un tronc assez gros ou haut? Des arbres avec des proportions de tronc plus petites sont tout à fait acceptables, ils ont habituellement une apparence plus féminine, douce et plus sinueuse. Cela dépend simplement de ce que vous voulez et de ce que l'arbre peut offrir.

Si vous recherchez le plaisir immédiat, ou assez rapidement un bonsaï, vous devez analyser le branchage. Si il va aller bientôt dans un pot à bonsaï, dans l'année, alors des branches existantes devront être utilisées. La première branche est habituellement au tiers de la hauteur de l'arbre. Y a-t-il une telle branche dans l'arbre? Son diamètre devrait être de un tiers ou moins que le diamètre du tronc à son point d'insertion, ou elle sera trop grosse. De fines branches peuvent grossir, de trop grosses branches sont un problème grave qui ne peut être résolu qu'après des années de croissance du tronc. Choisir ou trouver une seconde branche impliquera aussi le choix de l'avant et de l'arrière de l'arbre. Habituellement les deux premières branches sont à gauche et à droite de l'arbre et légèrement vers l'avant, elles forment un angle d'environ 120 degrés. La troisième branche ou branche arrière est habituellement à 120 degrés de la première ou seconde branche mais pas directement derrière l'arbre. La branche arrière peut aussi être la seconde branche mais très rarement la première. Les autres branches peuvent habituellement être construites plus tard.

PATIENCE! Ok, vous avez analysé l'arbre et il a de bonnes possibilités, achetez le et ramenez le chez vous. Si ce n'est pas le printemps avec la sève qui circule, vous pouvez poursuivre et commencer la formation, supprimez les branches indésirables, ligaturez et dirigez les autres, retirez la terre en surface pour dégager le nebari, réduisez le haut. En général, prenez du plaisir. Si c'est un persistant, ne retirez pas plus de la moitié du feuillage tout en le mettant en forme. Punissez vos doigts si ca les démange de couper encore une petite branche.

Si c'est un caduque et qu'il est en dormance, allez-y. Si c'est une espèce qui bourgeonne facilement, et la plupart le sont, vous pouvez le rabattre à un simple tronc. Vérifiez auprès de quelqu'un pour être certain que l'espèce le supportera. Les hêtres, par exemple, ne le supportent habituellement pas. Si c'est la saison de croissance mais pas le début du printemps vous pouvez sans problème retirer la moitié ou plus du feuillage avec vos manipulations. S'il reste moins de six semaines avant la fin de la saison, attendez jusqu'à ce qu'il entre en dormance ou vous risquez de stimuler de nouvelles pousses qui n'auront pas le temps d'arriver à maturité.

Et les racines? Mon conseil est de ne pas y toucher. C'est là où les choses s'empirent pour les débutants. Ils travaillent trop les plantes, trop tôt, et elles ne supportent pas tous les changements. Travaillez autant que vous voulez le haut mais laissez-le dans son pot d'origine ou, si il doit encore grossir, dans un plus grand pot sans perturber les racines. Attendez jusqu'à la prochaine occasion de travailler les racines. Vous pouvez continuer de tailler, former et ligaturer les branches et prendre du plaisir à observer l'évolution de votre petit arbre. Ses soins seront très faciles parce qu'il aura des racines en grande quantité comparé au feuillage. Il ne séchera pas facilement et sera facile à arroser et fertiliser.

Si vous travaillez le haut durant l'hiver, attendez au moins jusqu'à l'automne prochain avant de travailler les racines. Si vous avez travaillé le haut après la poussée de printemps, vous pouvez travailler les racines en automne, mais il serait plus sûr d'attendre la fin de l'hiver ou le début du printemps qui suit. Si vous travaillez le haut durant l'été attendez l'automne suivant. En d'autres termes, laissez la plante passer un cycle complet de croissance avant de tailler les racines. J'ai utilisé cette formule de nombreuses fois et elle m'a rarement trompé. Chaque fois que j'ai perdu un arbre, c'est habituellement parce que je n'ai pas suivi mes propres règles et que j'en fais trop, trop vite. Apprenez à apprécier l'arbre dans son pot de pépinière. Je connais la fascination pour les débutants de mettre l'arbre dans un petit pot, mais avoir simplement un arbre dans un pot n'est pas du bonsaï. J'ai des milliers de petits arbres dans des pots de pépinière et je les apprécie presque autant que ceux dans des pots à bonsaï.

Maintenant que je vous ai donné tous les éléments à rechercher dans les plantes de pépinière, je vais essayer de donner des suggestions plus précises sur ce qu'il faut faire quand on se rend en pépinière.

Prenez avec vous un livre décrivant les espèces de plantes et leur rusticité, ne vous fiez pas à ce que le vendeur vous dit, a moins que vous ayez déjà fait affaire avec cette pépinière auparavant, et que vous savez avec certitude que leur aide est désintéressée, précise et correcte.

Note de Jean-Christophe Godart. Brent Walston parle ici des zones de rusticités USDA et Sunset qui sont spécifiquement nord américaines et n'ont pas de réelle utilité en Europe.

Armé de ce type d'information sur les plantes, vous pouvez faire des choix judicieux selon la rusticité (résistance au froid), les besoins en eau, et les caractéristiques de croissance de chaque plante qui vous attire.

Comme c'est principalement pour les débutants, je suggère que vous recherchiez des plantes à feuillage caduque, ou des persistants plus résistants comme les genévriers. Laissez de côté les pins à moins que vous ayez plusieurs années d'expérience derrière vous. Certains vont me contredire, mais je ne considère pas les pins, en dehors du Pinus mugo, comme des plantes pour débutants. La plupart des pins en pépinières sont d'ailleurs inutilisables en bonsaï.

En général, limitez vous à des plantes en pots de maximum 18 cm (1 gallon) parce qu'elles seront bon marché et sans gros problème si elles succombent à une ambition démesurée. Ne regardez pas non plus les plantes greffées à moins que vous ne sachiez quoi regarder dans les greffes et les pièges des greffes trop hautes, disgracieuses, discordantes, etc (Voir l'article sur les greffes pour bonsaï). Recherchez les arbres issus de semis et de boutures. Ce seront aussi les moins chers.

Le coin des bonnes affaires, les rebuts des pépinières sont aussi une bonne source pour les acheteurs de bonsaï. Ici vous trouverez à un bon prix des arbres aux gros troncs et confinés dans des pots et déjà nanifiés. Mais, rejetez ce qui paraît être en mauvaise santé à moins que vous ayez quelque expérience. Ramenez chez vous les plantes aux racines confiées et rempotez les immédiatement dans un pot du diamètre supérieur quelque sera la taille du bonsaï final. Cela va assurer la survie de la plante et fortifier le haut, vous pourrez donc y travailler la saison suivante. Ne travaillez pas de trop les plantes aux racines confinées parce qu'elles n'ont pas de réserves, vous devez d'abord les fortifier.

Recherchez des plantes avec de petites feuilles et de fines ramifications, elles feront les meilleurs candidats. En général laissez de côté les plantes à feuilles composées. Ce sont les plantes dont les feuilles sont généralement grandes avec beaucoup de petites folioles. Ces plantes se ramifient généralement mal, il est difficile de créer de courtes et fines branches ramifiées.

Si vous désirez des persistants, limitez vous à des plantes résistantes comme les Juniperus (genévriers) et les Cedrus (cèdres), si vous êtes dans une région qui leur convient. Les persistants à grandes feuilles peuvent ou non être facile de culture, vous devrez consulter votre guide.

Des espèces caduques comme les Acer (érables), Carpinus (charmes), Celtis (micocouliers), Ulmus (ormes), Crataegus (aubépines), Tilia (tilleuls), Malus (pommiers), Prunus (pruniers, pêchers, abricotiers), et Liquidambar (copalme) sont assez faciles à travailler.

En conclusion

Souvenez-vous que le fort désir de mettre un petit arbre dans un pot à bonsaï deviendra une expérience ennuyeuse si c'est votre seul intérêt au bonsaï. La plupart des personnes ont bien plus de plaisir avec leur collection de pré-bonsaï et les amener avec soi, les regarder grandir, planifier leur futur, et finalement les rempoter en bonsaï. Ces arbres, nés de l'amour, ont bien plus de valeur que les bonsaïs de supermarché.

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Traduit et publié avec l'aimable autorisation de Brent Walston.
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