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Gestion Intégrée des Nuisances pour Bonsaï

par Brent Walston
Traduit de l'Anglais par Jean-Christophe Godart

Introduction

Étant un pépiniériste signifie que, à certains moments, j'ai affaire à des parasites et des maladies. Je déteste m'en occuper, c'est la partie la moins gratifiante de mon travail, mais c'est aussi une réalité dans le domaine des pépinières.

Qu'est la GIN?

Ce qui fait fureur actuellement c'est la GIN, gestion intégrée des nuisances. Au lieu de sortir et périodiquement traiter tout ce qu'on voit, la GIN nous apprend qu'il est préférable de traiter les insectes et maladies avec des niveaux progressifs de techniques invasives (toxiques). Le premier niveau est cultural. Changez l'environnement si possible pour traiter le parasite ou la maladie. Si vous avez continuellement du mildiou, déplacez vos plantes au soleil et gardez le feuillage sec durant la nuit. Des pucerons, acariens et autres insectes suceurs peuvent être quelque peu contrôlés par des aspersions régulières d'eau pour les empêcher de s'installer. Ce niveau est totalement non toxique et devrait être la première chose à faire.

Si les moyens culturaux n'ont pas d'effet ou sont impossibles à appliquer, le second niveau consiste à utiliser des moyens biologiques. Utilisez des insectes prédateurs, coccinelles pour contrôler les pucerons, etc. La lutte biologique est maintenant possible pour une grande partie des parasites.

Si la lutte biologique n'a pas d'effet ou n'existe pas pour le parasite, le dernier niveau consiste à utiliser des moyens chimiques en ordre croissant de toxicité. Le moins toxique en premier.

Le Suivi des Parasites et Maladies est la Clé

Je pratique la GIN dans ma pépinière chaque fois que je le peux, et le mieux que je puisse dire à son sujet est qu'elle augmente ma conscience de l'environnement de la pépinière. En second, elle m'a fait économiser beaucoup d'argent en réduisant la quantité de pesticides que j'utilise. Les pesticides du commerce sont très cher.

La prémisse de la GIN est que nous ne nous 'débarrassons' jamais de quelque chose. Les parasites et maladies sont au mieux contrôlés, maintenus à des niveaux minimum où le dommage est acceptable. Les parasites et maladies sont une réalité de la vie, et nous y serons toujours confrontés. La question est comment les contrôler.

La clé à une utilisation efficace de la GIN est le suivi. Sans suivi des niveaux d'invasion, on est condamné à traiter des attaques très fortes avec le produit le plus fort possible. Le suivi nécessite qu'on recherche chaque semaine les parasites et maladies dans des échantillons représentatifs de la culture. Dans ma pépinière cela prend entre une et deux heures, mais c'est un travail amusant et une bonne excuse pour ne pas faire un vrai travail.

L'outil essentiel pour le suivi est une bonne loupe grossissant 5 fois. Plusieurs insectes sont trop petits pour être visibles à l'oeil nu si vous avez plus de 40 ans comme moi. Les acariens à deux points sont un de mes plus gros problèmes et ils sont presque invisibles sans loupe. Je recherche des feuilles décolorées par taches, des traces de jaune et rouge, ensuite je recherche des traces de débris dans les faces inférieures. Une feuille saine sera totalement lisse à l'exception des poils pour certaines espèces. Une feuille infectée sera couverte de 'crasse', petits morceaux de débris, toiles d'araignées et oeufs. Les oeufs sont des sphères translucides à peine visibles même à la loupe. Les araignées rouges sont très similaires mais sont plus grandes et un peu plus faciles à voir à l'oeil nu et laissent des toiles d'araignées visibles. Les araignées rouges ont une couleur rougeâtre et sont assez facile à contrôler. Les acariens à deux points sont translucides avec deux points foncés sur leur dos est sont le diable à contrôler. Tous les deux ont des cycles de reproduction d'à peu près 5 à 7 jours donc un traitement suivi est toujours nécessaire.

Connaître l'Ennemi et Adapter

Les maladies cryptogamiques et autres peuvent aussi être suivies, sans ou avec loupe. Une détection précoce peut éviter des traitements forts et d'endommager le feuillage. Un moyen réellement bon d'apprendre au sujet de ces maladies est de suivre vos plantes et d'observer à la loupe l'état d'avancement du parasite ou de la maladie, vous verrez tous les symptômes. Ensuite, si vous avez besoin de l'assistance d'un professionnel, vous pouvez donner toute l'information nécessaire pour identifier et résoudre le problème. La moitié du problème est de connaître l'ennemi.

Il y a des maladies cryptogamiques pour lesquelles il n'y a aucun traitement, seul le contrôle cultural, niveau un. Pour certains problèmes de pourriture des racines, des changements culturaux peuvent être la seule chose nécessaire. En cours de mise en place de tels changements culturaux, J'ai été récemment obligé d'analyser comment j'arrose et à quelle humidité restaient les plantes. À la suite de quoi j'ai remarqué d'autres problèmes liés à des conditions d'humidité excessive et j'ai maintenant décidé de corriger le problème en arrosant à la main uniquement les plantes qui sont sèches. C'est dans ce genre de choses que la GIN est réellement bonne, elle nous oblige à observer et agir au plus bas niveau de toxicité, et souvent c'est la meilleure solution, bien meilleure que la guerre chimique qu'on nous enseigner à escompter.

Gérer un Système Micro-Eco

Les pesticides ne sont pas nécessairement une réalité de la vie. Je pense qu'un très bon exemple est ma manière d'opérer. J'ai un champ de 40 ares (1 acre) où les plantes sont alignées en rangs selon les espèces et sont cultivées comme un potager. Comme c'est une entreprise commerciale et pas un lieu d'exposition destiné au public, l'efficacité est le mot clé. C'est beaucoup plus encombré que ca ne devrait l'être, mais je n'ai pas d'autre place où aller. Il en résulte que je dois tenir compte des insectes et maladies qui prospèrent grâce à cette disposition. C'est une bataille sans fin contre les maladies cryptogamiques et les parasites, en particulier les acariens et pucerons.

Par ailleurs, j'ai un magasin de vente au détail où les choses sont disposées régulièrement et de manière attirante, une bonne diversité de plantes et beaucoup d'arrosage à la main qui a une bonne action de nettoyage. Je garde des plantes dans mon magasin avec des plantes de mes champs de culture. Je n'essaie jamais d'infecter intentionnellement mon magasin avec des parasites ou maladies donc je recherche toujours des sujets sains à y placer, mais durant plus de sept ans de pratique, je n'ai jamais traité contre les acariens dans mon magasin. J'en suis stupéfait, mais je l'attribue à de bonnes pratiques culturales, probablement quelques prédateurs naturels à cet endroit, et l'arrosage manuel qui tend à limiter les infestations d'acariens.

Cela ne signifie pas que des acariens ne sont jamais venus là bas. J'en trouve quelque fois, mais ils ne sont jamais à des niveaux qui mettent mes plantes en danger ou les défigurent. Je les trouve sur leurs cibles préférées mais ils ne semblent jamais s'étendre. Je les suis tout le temps pour être certains que le dommage sera inexistant ou minime. Il y a un équilibre naturel dans le magasin qui de toute évidence ne se fait pas dans mes champs de culture. L'équilibre naturel n'a jamais été perturbé et je ne désire pas le déranger en traitant sauf quand c'est réellement nécessaire. Je pense que quand cette symétrie de contrôle et d'équilibre naturel est rompue, elle est extrêmement difficile à rétablir.

C'est un sujet incroyablement complexe et je pense qu'il y a la place pour des insecticides systémiques contre les pucerons sans dérégler l'équilibre, mais je crois aussi que les moyens naturels, même pour ce fléau, quand ils sont soigneusement gérés vont parer au besoin de produits chimiques.

Le problème est que traiter contre les nuisances va habituellement détruire tout équilibre naturel avec les organismes prédateurs qui pourraient être présents. Les prédateurs ne sont pas toujours d'autres insectes ou acariens. Il y a des champignons bénéfiques et des bactéries aussi, et peut être même des virus utiles qui n'ont pas encore été découverts. Il y a même des minéraux dans l'eau qui peuvent favoriser ou amoindrir les nuisances ou les organismes prédateurs (bénéfiques). On sait très peu de choses à chacun de ces sujets mais on le voit tout le temps. Mon conseil est: Si ce n'est pas destructif, ne le traitez pas. Si des insectes, acariens et maladies ne sont pas un problème grave, laissez les en paix ou utilisez d'abord la méthode la moins toxique possible. Si vos arbres sont en danger alors l'équilibre a probablement déjà été rompu et l'utilisation de méthodes plus toxiques va probablement faire un peu plus de dommages. C'est l'essence de la GIN.

En Conclusion

Je pense que le mot clé est équilibre. Nous, humains, semblons destinés à déséquilibrer toute la terre. Est-il possible de nous préserver nous même ainsi que l'environnement et nos petites plantes bonsaï en devenant conscients?

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Traduit et publié avec l'aimable autorisation de Brent Walston.
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