Rempoter


A propos des racines
Qu'est-ce que rempoter
Pourquoi remporter
A quelle fréquence rempoter
Quand rempoter
Quel mélange de terre
Quels matériaux utiliser
Quel mélange selon l'espèce
Les mélanges du commerce
Mélange homogène ou en couches
Sable à grains acérés ou ronds
Comment rempoter



A propos des racines


Les racines sont la partie invisible de l'arbre, trop souvent négligée, mais qui joue un rôle essentiel. Leur bonne santé, leur structure et un environnement optimal à leur développement sont une des clés de la réussite du point de vue horticole. La structure des racines reflète souvent la structure des branches. La plupart des espèces développent naturellement une racine pivot et peu de racines latérales en surface. La racine pivot est une longue et forte racine qui prolonge le tronc sous terre. Ainsi, lorsque l'on laisse se développer la racine pivot, le tronc sera long avec peu de branches. Mais lorsque les racines sont nombreuses et finement ramifiées, les branches le seront aussi.

Du point de vue esthétique, les racines ont aussi un rôle de première importance. Le nebari, ou racines affleurantes, est la base visuelle de l'arbre. Les départs de racines sont dégagés afin de donner une impression stabilité et de vieillesse. Les racines s'évasent à partir du collet et sont réparties tout autour de l'arbre. Elles se divisent rapidement et sont de force équilibrée, en harmonie avec les branches et le feuillage.

Qu'est-ce que rempoter


Rempoter un bonsaï n'implique pas nécessairement un changement de pot, mais une taille des racines et un remplacement plus ou moins important de la terre. Comme on le voit, cela a peu de rapport avec un rempotage d'une classique plante en pot de fleur.

Pourquoi remporter


Le rempotage est nécessaire à la bonne santé du Bonsaï. Dans la nature, l'espace occupé par les racines correspond plus ou moins au volume des branches. Les racines continuent à pousser tout au long de la vie de l'arbre. Même des arbres centenaires ont de jeunes racines. En effet, ce sont les fins poils absorbants qui nourrissent l'arbre et non les grosses racines dégarnies. Le pot à bonsaï est lui beaucoup plus petit. Il faudra donc compenser ce faible volume par un système racinaire plus ramifié, avec de nombreuses jeunes racines et un mélange de terre optimal. Comme les racines continuent à pousser, elles finissent par envahir le pot, par s'étouffer. Il faut donc les rajeunir de temps en temps pour leur permettre de se développer, ce qui est un besoin de l'arbre.

A quelle fréquence rempoter


Il faut rempoter avant que les racines aient envahi le pot au point de s'étouffer. Soulevez et examinez la motte. Si des racines tapissent les parois du pot ou si la motte est soulevée par les racines, il faudra rempoter.
La fréquence du rempotage dépend de:

Quand rempoter


La période la plus propice au rempotage est le printemps, avant que les feuilles ne débourrent, en général vers le mois de mars. Voici une indication générale des périodes de rempotage, mais des exceptions existent.
Dans les régions à climat doux, on peut aussi rempoter certaines espèces en automne, vers octobre. En effet, les racines continuent de pousser tant que la température en journée est supérieure à +- 13°C. Si votre climat est plus froid, il est préférable de rempoter au printemps pour éviter la pourriture des racines.
Ne pas rempoter en été. L'évaporation est trop importante, l'arbre aura trop soif. Néanmoins, si vous devez rempoter ou transplanter un arbre en été, il faudra veiller à maintenir l'équilibre hydrique en supprimant la même proportion de feuilles que de racines. Placer à mi-ombre et vaporiser régulièrement le feuillage.
Ne pas rempoter en hiver. L'arbre arrête sa croissance, qui ne reprendra qu'au printemps. Les racines risquent de pourrir.

Quel mélange de terre


Le mélange de terre joue un rôle primordial dans la bonne santé des racines. Celles-ci ont besoin à la fois d'humidité et d'air. Dans un mélange constamment mouillé les racines vont pourrir. Dans un mélange trop compact, à terre trop fine, les racines manquent d'air, s'étouffent et risquent aussi de pourrir. Un mélange à trop grosses particules est trop drainant et devient vite sec. Les racines manquent d'humidité.

La granulométrie est la caractéristique essentielle d'un bon mélange de terre. Elle doit être assez grosse pour permettre une bonne aération et un bon drainage mais assez fine et poreuse pour permettre une bonne rétention d'eau et le développement des fines racines. La granulométrie dépend de l'espèce, de la taille et de l'âge de l'arbre et du stade de formation. En règle générale, une terre à granulométrie de 2 à 6 mm est utilisée. On élimine par tamisage la fine poussière et les gros grains. Un mélange à granulométrie trop fine retient trop d'eau ce qui risque de faire pourrir les racines. Il manque aussi d'aération, fini par se compacter et est difficile à humecter. De plus, l'humidité est amenée en surface par effet de capillarité. Le sol peut être sec en profondeur alors qu'il paraît humide en surface. Par contre, un mélange à trop grosse granulométrie ne retient pas assez l'eau. Les interstices entre les grains sont grands et peu nombreux. Les fines racines risquent plus facilement de se dessécher et manquent de place pour se développer.

La capacité de rétention d'eau du mélange doit être adaptée à l'espèce, aux habitudes d'arrosage, au climat. Des grains à structure poreuse retiennent plus l'eau que des graviers à structure compacte, dure. Ainsi les espèces préférant un sol plutôt sec, comme les pins ou les genévriers, demanderont une plus forte proportion de sable grossier ou de fin gravier alors que les espèces préférant un sol plus humide, comme le saule demanderont une plus forte proportion de matières poreuses, fibreuses ou spongieuses.

Le pH de la terre a aussi son importance. Si beaucoup d'espèces sont assez indifférentes au pH, les espèces acidophiles dites de "terre de bruyère", comme les azalées, demandent une terre franchement acide et dépérissent dans une terre calcaire ou neutre. Une plus forte proportion de matières organiques permet d'augmenter l'acidité.

Quels matériaux utiliser



Les terres.


Les terres récoltées peuvent parfois convenir quand leur structure est suffisamment grossière et aérée. Mais la plupart des terres ont une structure trop fine, trop compacte qui manque d'aération et de drainage. Même si vous tassez peu la terre, elle va se compacter au fil des arrosages. Il faudra donc les tamiser pour éliminer toutes les fines particules. La terre prélevée avec un arbre devra aussi être progressivement remplacée car les conditions dans la nature sont très différentes des conditions de culture en pot.
Les matériaux minéraux sont généralement inertes. Leur rôle est principalement d'assurer le drainage, l'aération et, pour les matériaux poreux et perméables, une certaine rétention d'eau. Les matériaux calcaires vont modifier le pH de la terre et ne conviennent pas aux espèces acidophiles.

Matériaux drainants


Non poreux ou imperméables, ils sont utilisés comme "sable", mais il faut les tamiser pour éliminer les fines particules. Ils favorisent le drainage, limitent la rétention d'eau et aèrent le mélange. Ces matériaux, qu'ils soient lourds ou légers, pèsent à peine plus quand ils sont mouillés que quand ils sont secs.

Matériaux retenant l'eau.


Poreux et perméables, ils augmentent la rétention d'eau tout en aérant le mélange et assurant un certain drainage. Ils sont plus légers quand ils sont secs et plus lourds quand ils sont mouillés. Certains de ces matériaux sont peu perméables et ont donc une faible rétention d'eau. Quand ils flottent sur l'eau, ils seront alors plus drainants.

Matériaux organiques


Ils augmentent fortement la rétention d'eau et sont généralement acides. Ils constituent aussi une fumure de fond car ils sont progressivement transformés par les micro-organismes en substances assimilables par l'arbre.

Matériaux à éviter


Les amendements.


Ils permettent de corriger un substrat.
Certains matériaux sont assez inesthétiques, de couleur blanche ou vive, parfois brillants. Ne les utilisez que pour vos arbres en formation.

Quel mélange selon l'espèce


En matière de mélange de terre, chacun à ses recettes favorites et vous trouverez de nombreux avis parfois divergeants. En effet, l'espèce, les habitudes d'arrosage, le climat de la région, l'exposition, les matériaux disponibles... influent les choix de mélanges de terre. Beaucoup d'amateurs utilisent des mélanges de terre qui conviennent certes à leurs arbres mais, étants trop compacts, trop fins, ne leur assurent pas une croissance optimale. Des essais comparatifs montrent que la vigueur peut varier fortement selon le mélange de terre.

Au risque de se répéter, rappelons qu'un mélange doit être suffisamment drainant et aéré. Si, en été, la surface de la terre met plusieurs jours à se dessécher, c'est que le mélange est trop compact, à particules trop fines et les racines risquent de pourrir. Il faudra le remplacer par un mélange à plus grosses particules. Si par contre la terre sèche trop vite en deux arrosages, on pourra utiliser un mélange à grains plus fins. L'idéal étant un mélange nécessitant un arrosage quotidien. Les professionnels utilisent parfois des mélanges plus drainants, mais ils peuvent arroser plusieurs fois par jour.

Les espèces avides d'eau préféreront un sol retenant mieux l'humidité mais toujours bien aéré. On utilisera une plus forte proportion de matériaux perméables ou organiques. Par contre, les espèces craignant l'humidité demandent un sol plus sec, à plus forte proportion de "sable", de matériaux imperméables. Pour la plupart des espèces, un mélange de 1 part de matières perméables pour 1 part de sable convient. Pour des pins ou des genévriers, on utilise généralement 2 à 3 parts de sable pour 1 part de matières perméables. Les espèces acidophiles comme l'azalée ou le camélia demandent un sol plus acide : 2 parts de matières organiques pour 1 part de sable. Pour plus d'information, voir les fiches des espèces et la fiche arrosage.

Les mélanges du commerce


Il existe dans le commerce des mélanges étiquetés "bonsaï". Ils ne sont qu'une manière de vendre cher un mélange que vous pouvez très bien réaliser vous même à moindre coût. De plus, ils ne conviennent pas à toutes les espèces. Il faudra donc souvent les améliorer.

Mélange homogène ou en couches


Beaucoup d'auteurs conseillent de disposer une couche de gros grains au fond du pot pour améliorer le drainage, une couche de grains moyens au milieu et une couche de fine terre au dessus. En réalité, cette pratique est mal comprise par les adeptes de la "vielle école". En effet, des couches bien délimitées de particules de différentes tailles s'opposent au drainage à cause de l'effet de tension superficielle entre les couches. Les graviers de drainage sont plus vite secs. Les racines n'y trouvent donc pas l'humidité optimale à leur développement. Le centre de la motte drainera moins bien. Il sera trop humide pour le bon développement des racines. Une couche de fine terre en surface se compacte au fil des arrosages ce qui va limiter l'aération du mélange. De plus, elle pompe l'eau du centre de la motte par effet de capillarité. A noter également que l'on utilise généralement un bâtonnet pour combler les vides entre les racines, ce qui a pour effet de mélanger les diverses couches de sol. Beaucoup de professionnels japonais anciens adeptes de la disposition en couches utilisent actuellement un mélange homogène de granulométrie moyenne.

Sable à grains acérés ou ronds


On lit souvent que les grains de sable acérés, à bords coupants, favorisent la ramification des racines. Des recherches montrent que les radicelles ne se divisent ni mieux ni moins bien que dans du sable à grains ronds. Par contre la rétention d'eau est différente. Les interstices entre des grains ronds sont plus petits et retiennent donc plus l'eau par effet de tension superficielle.

Comment rempoter


On distinguera la formation des racines, de la première mise en pot et du rempotage d'un arbre établi.

Former les racines et Première mise en pot : AUTRE FICHE



Rempoter un arbre établi


Installez vous dans un endroit ombragé. Avant de rempoter, préparez le mélange de terre approprié à l'espèce. Elle doit être légèrement humide, ni trop sèche, ni trop mouillée. Ayez vos outils à portée de main. Un conseil : placez votre terre d'un côté et vos outils de l'autre pour éviter de les perdre dans la terre. Préparez un vaporisateur d'eau pour pouvoir humecter les racines. Si vous changez de pot, fixez à l'avance les grilles sur les trous de drainage et les fils de fixation.

Le rempotage doit être rapide. Pensez à humecter les racines. Pour les groupes ou forêts, où les racines restent plus longtemps exposées à l'air, vous pouvez les entourer de mousse de sphaigne ou de tourbe mouillée et les placer dans un sac de plastique fermé.

Sortez la motte du pot, au besoin en décollant les racines des parois à l'aide d'un couteau. Pour les pots dont les bords se resserrent, coupez verticalement les racines au bord du pot pour pouvoir dégager la motte.

Pour la plupart des feuillus, retirez presque toute la terre. Pour les conifères, une partie seulement. Utilisez un croc, une baguette ou une griffe à racines pour dégager délicatement la terre et démêler les racines. Certains préfèrent dégager les racines au jet d'eau. Mais certaines espèces ont des fines racines fragiles qui seront plus endommagées par cette méthode.

Coupez les racines mortes, noires et fibreuses jusqu'à la partie saine. Raccourcissez les longues racines pour pouvoir les étaler dans le pot. Il arrive que de la vieille terre se trouve juste sous le tronc. Retirez cette vieille terre et coupez au ras de leur base les racines dirigées vers le bas en laissant celles du pourtour. Coupez les racines défectueuses : superposées, insérées trop haut sur le tronc, poussant vers le haut... Équilibrez la force des racines en taillant plus sévèrement les racines trop fortes et en taillant peu les racines plus faibles. Taillez les racines en quelques endroits en forme de triangle jusqu'à la base du tronc et, si possible, le long d'une grosse racine. Préservez autant que possible les fins poils absorbants. Une longue racine sans poils absorbants fourni peu d'eau à l'arbre et peut être taillée plus sévèrement. Vaporisez les racines avant qu'elles ne sèchent. Appliquez du mastic sur les grosses coupes.

Disposez une couche de terre au fond du pot en ménageant un petit monticule où l'arbre sera planté. Les adeptes de la méthode en couches mettront auparavant un couche de gravier de drainage.

Disposez l'arbre dans le pot. Surélevez légèrement le collet par rapport au bord du pot, à peu près de l'épaisseur du tronc à sa base. Sauf pour le style en balai (okidashi), ne le placez pas au centre, mais excentré à gauche ou à droite de sorte que l'arbre paraisse stable. Disposez-le derrière la ligne médiane. Donnez lui l'orientation désirée. Inclinez-le un peu vers l'avant. On peut fixer l'arbre par les racines avec une boucle de fil à ligaturer passant par les trous prévus à cet effet ou bien par les trous de drainage.

Répartissez régulièrement les racines autour du tronc. Corrigez les défauts : racines enroulées, croisées, superposés... Rabaissez les racines qui se redressent. Vous pouvez les maintenir en place à l'aide d'un fil en forme d'épingle à cheveux. Bourrez progressivement la terre dans les creux entre les racines à l'aide d'une baguette. Continuez tant que la terre rentre dans les interstices, il ne doit pas rester de poche d'air, mais la terre doit être légère pour permettre à l'air de circuler. Ne tassez pas la terre avec le plat des mains pour éviter les poches d'air. Égalisez la terre avec une balayette et tassez un peu plus le pourtour du pot à l'aide d'une petite truelle ou des doigts.

Vous pouvez disposer de la mousse par petits morceaux ou saupoudrer de la mousse séchée et tamisée mélangée à un peu de terre fine. Les adeptes de la méthode en couches mettront auparavant une couche de fine terre tamisée. Nettoyez le pot avec une balayette. La mousse est reviviscente, elle a la faculté de se régénérer à partir de petits morceaux de tige secs. La mousse qui convient est fine, rase et pousse en pleine lumière. Vous pouvez la récolter sur les terrasses, allées... ou utiliser celle qui tombe des toits. Retournez la mousse et utilisez un couteau pour retirer la terre qui se trouve sous la mousse.

Arrosez doucement, mais bien à fond, à l'aide d'un arrosoir à pomme fine. Vous pouvez disposer de la toile de jute sur la terre pour éviter qu'elle ne soit emportée à l'arrosage. Vous pouvez aussi faire tremper le pot dans une bassine d'eau pour bien humecter toute la motte. Vaporisez les feuilles au dessus et en dessous, les branches et le tronc.

Attendez quelques semaines avant de placer l'arbre en plein soleil. Attendez six semaines à deux mois avant de donner de l'engrais. La nouvelle terre contient déjà suffisamment de substances nutritives.

Jean-Christophe Godart



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